L’anomalie dans le jardin des Capulet

Ce pourrait être un roman d’aéroport, comme il y a des romans de gare. Mais on est pris dans L’Anomalie car on peut souvent dire qu’on ne la pas comprise toute.

Quand Le Tellier cite Roméo et Juliette, il fait le point, il zoome, il éclaire, il cadre comme au cinéma un passage maintes fois lu et entendu mais si bien happé par le drame que bien des sens peuvent échapper au spectateur, au lecteur.

[Le jardin de Capulet. Sous les fenêtres de l’appartement de Juliette.]

JULIETTE.

— Ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? — Renie ton père et abdique ton nom ; — ou, si tu ne le veux pas, jure de m’aimer, — et je ne serai plus une Capulet.
[…]

— Ton nom seul est mon ennemi. — Tu n’es pas un Montague, tu es toi-même — Qu’est-ce qu’un Montague ? Ce n’est ni une main, ni un pied, — ni un bras, ni un visage, ni rien — qui fasse partie d’un homme… Oh ! sois quelque autre nom ! – Qu’y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose — embaumerait autant sous un autre nom. — Ainsi, quand Roméo ne s’appellerait plus Roméo, — il conserverait encore les chères perfections qu’il possède … – Roméo, renonce à ton nom ; — et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, — prends-moi tout entière. 

On verra peut-être à la dernière page ce que l’Oulipo doit au Collège de ‘Pataphysique, où il a été institué comme un de ses ouvroirs, celui de la littérature potentielle.