
Il était une fois une musicienne japonaise qui démontra que les rites orientaux auxquels est vouée l’église Saint Julien le pauvre ne connaît de limite que la rotondité de la Terre.

Car c’est une des églises exotiques de Paris. On y cultive, certes, les exégèses byzantines propres aux clergés érudits mais les profanes exècrent là l’influence hasardeuse des curés et des popes. Sous les pensées flottantes laissées par Pythagore en ce lieu sacré, comme partout ailleurs, des mécréants pratiquent une musique des sphères, l’écoutent et communient en son sein.
Les huit autres sphères produisent sept sons distincts, et ce nombre est comme le nœud de toutes choses.
Des hommes doctes l’ont reproduit, avec des cordes tendues et des musiques, s’ouvrant ainsi le moyen de revenir dans le ciel où nous sommes.
Cicéron, De republica, VI, 18.
Et le soir, souvent, on joue de la musique, qui rassemble si bien émotion esthétique et émotion religieuse.

Saint-Julien-Le-Pauvre a été « reconstruite au XIIᵉ siècle par les soins de l’abbaye de Longpont et érigée en prieuré. L’église et le prieuré furent cédés à l’Hôtel-Dieu et incorporés à son domaine (avril 1655) P. Meliand étant prieur commandataire de Saint-Julien, le cardinal Mazarin administrateur de l’abbaye de Longpont.
Cession confirmée par bulle du pape Alexandre VII (8 mars 1659) et lettre patente du roi Louis XIV (juin 1697).
Restituée à l’Hôtel-Dieu, après la Révolution, par décret impérial de 1805, cette église a été affectée en 1892 au culte catholique grec ».

Et dans la pénombre, un petit diagramme affiché sur un mur, un mur forcément porteur, montre les cheminements abstraits et terrestres des clergés d’obédience catholique parmi les nations du proche et du moyen orient.
Dissonances, désaccords de septième diminuée, syncopes et point d’orgue. Le fracas des dogmes et des actions de disgrâce s’éloigne à mesure que les vibrations des instruments humains, frappés, pincés, frottés, apaisent les âmes et les esprits.
L’exorbitante émotion esthétique affronte l’essor du sentiment religieux. Au prêtre repris par les ordres implicites des autorités ecclésiastiques, celles de l’église militante du glaive de l’acier ou du verbe, le communiant musical peut alors répondre : « Restons en la ! ». Majeur.
Alors il arrive parfois que la pianiste japonaise, après son concert, traverse la rue et entre au cabaret des Trois Mailletz pour prendre à boire et à manger.
Elle peut même s’installer au piano, pour des diableries communes, parmi les amateurs de chair, d’alcool, de chants et d’épanchements sentimentaux.