Une cour des miracles entre Clichy et Batignolles
Durant des années, une zone d’aménagement concerté, une déconcertante ZAC s’est étendue entre le boulevard Berthier et le boulevard du Fort de Vaux. Un bout du monde à deux pas d’un centre du monde. Un cul-de-sac et de corde à la périphérie, où ont rôdé en plein jour des infirmes affectifs et des rêveurs. Pour les uns et pour les autres, des interdits et des barrières offraient des espaces à explorer en secret, des libertés dont ils pouvaient rêver de jouir. Parfois en côtoyant le bas fond des déchéances, à l’écart des édifices moraux que dissolvent les désillusions.
Derrière les magasins et les ateliers des décors de l’Opéra de Paris, la zone se donnait en version concert une sorte de chant du cygne. Encore avant, c’était l’immense gare de triage des Batignolles. Les entrepôts et les ateliers ont été détruits et ont fait place à une zone de constructions diverses et à un parc plus ou moins champêtre.
Pendant les travaux, de là, des miséreux partaient pour Cythère en camionnette voilée et désarticulée. D’autres ou les mêmes marchaient sans but autre que la recherche de destins incertains. Tous allaient leurs lendemains.
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