Jaurès et l’Humanité

« Journal socialiste quotidien »

L'Humanité

C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. La grande cause socialiste et prolétarienne n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue ou rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité ; et je voudrais que la démocratie socialiste unie à nous de cœur et de pensée, fût fière bientôt de constater avec nous que tous les partis et toutes les classes sont obligés de reconnaître la loyauté de nos comptes rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude contrôlée de nos correspondances. J’ose dire que c’est par-là vraiment que nous marquerons tout notre respect pour le prolétariat. Il verra bien, je l’espère, que ce souci constant et scrupuleux de la vérité même dans les plus âpres batailles, n’émousse pas la vigueur du combat ; il donne au contraire aux coups portés contre le préjugé, l’injustice et le mensonge une force décisive.

Jean Jaurès 
Article intitulé « Notre but » à la Une du numéro 1 de l’Humanité, « journal socialiste quotidien » dont il est le « directeur politique », paru le lundi 18 avril 1904.

Là, le texte complet de l’article de Jaurès