Dans les bibliothèques, des livres qui ne dorment que d’un œil

Bibliothèque

Des ouvrages savants sommeillent. Des révélations en puissance attendent. Des lecteurs feuillettent plus ou moins au hasard et tombent sur des illuminations coincées parmi les rayons.

Alexandrie et ses écrits innombrables pâlissent, bien après leur apothéose en bûcher de rouleaux incandescents, devant la somme des livres assemblés à Paris ; devant tous ces écrans animés par des moteurs de recherche (eux-mêmes mus par l’appât du gain) et par la quête fébrile des gens qui, du bout de leurs doigts, alignent des mots à confronter avec un savoir universel.

Livre

Ainsi s’invente la vérité du jour.

En une chute en tous points remarquable, Paul Jorion achève le livre où il nous apprend « Comment la vérité et la réalité furent inventées par Paul Jorion ». C’est exactement ce qui est imprimé sur la une de couverture de cet ouvrage décidément bien mystérieux.

Après des développements érudits et destructeurs et limpides et abstraits et brillants et mystérieux, nous découvrons enfin la question des questions : « Turing a-t-il vacillé de la même manière devant des faits incontestables mais qui disqualifiaient les travaux qu’il avait entrepris dans la première partie de son œuvre ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que les rapports significatifs qu’entretiennent les nombres l’ont ébranlé et que le mur de brique qu’il rencontra dans la récurrence des nombres de Fibonacci au sein du vivant lui évoqua les clés d’encodage d’un système crypté. Si tel fut son doute, il n’aura pu s’empêcher de penser que le “test de Turing” de l’intelligence artificielle est sans portée : si la voie illuministe possède un quelconque mérite, il existe un codeur, et l’intelligence artificielle existe depuis plusieurs milliers d’années, car c’est la nôtre ».