
l y aura toujours des truqueurs à côté des intitiés, disais-je dans Héliogabale.
Je dis maintenant :
il n’y a jamais eu que des truqueurs et jamais depuis que le monde est monde un véritable initié.
Et ceci pour une raison bien simple, c’est que l’occulte n’a jamais existé. Et que le monde n’a jamais été monde parce qu’il y a toujours eu à côté du monde à faire, du corps souffrant du monde en marche vers sa propre, intestine maturité, l’indécrottable cheptel des profiteurs d’abîme, de la race inépuisable des non-moi, êtres qui n’ont jamais voulu avoir de moi ou d’être, mais qui s’en sont toujours remis à je ne sais quel principe inconditionné des choses pour leur fournir de quoi exister,
qui n’on jamais voulu se voir être que confondus avec ce principe,
qui ont voulu être ce principe lui-même en train de se manifester,
et qui n’ont jamais voulu voir qu’ils n’en étaient que les larves poudreuses,
la scarlatine d’affaissement.
Antonin Artaud
Interjections – 1947
Œuvres – Quarto – Gallimard, p. 1 346