
La doctrine de Pythagore
[…]
Après avoir tout compris à force de réflexion et de travail constant,
Il mit son savoir au service de tous et enseigna à ses disciples,
Silencieux et éblouis par sa parole, les origines de l’univers,
Les principes de toutes choses, l’essence de la nature,
De la divinité, d’où vient la neige, ce qui provoque la foudre,
Si c’est Jupiter ou le vent qui déclenche le tonnerre en crevant les nuages,
Ce qui fait trembler la terre, ce qui régit le mouvement des astres
Et tous les autres mystères ;
[…]
Ovide
Les métamorphoses
Traduit du latin par Danièle Robert
Actes Sud, 2001 ; Babel n° 1573
Livre XV
[…]
P. 407
Et puisque je vogue vers la haute mer et que le vent gonfle mes voiles
Je vous dit qu’il n’est rien, dans l’univers entier, qui soit stable ;
Tout fluctue, toute image qui se forme est changeante.
P. 411
L’univers contient depuis toujours quatre principes
Générateurs : deux d’entre eux, la terre et l’eau, sont lourds
Et, du fait de leurs poids, attirés vers le bas ;
Les deux autres ignorent la pesanteur, et, comme rien ne les arrête,
Ils tendent vers le haut ; ce sont l’air et le feu, plus pur que l’air.
Bien qu’ils soient séparés dans l’espace, tout vient d’eux
Et tout retourne en eux : la terre se désagrège
Et se dilue en eau limpide, l’élément liquide s’évapore
Et se fond dans l’air qui, à son tour devenu encore plus volatil,
Extrêmement léger, s’élance vers le feu des régions supérieures.
Ensuite, ces éléments refont le chemin en sens inverse et le cycle recommence :
Le feu se condense et sa compacité le fait passer à l’état d’air,
Celui-ci passe à l’état aqueux ; l’élément liquide concentré devient terre.
Aucun ne garde son apparence ; la nature renouvelle toutes choses
En produisant d’autres formes à partir des anciennes.
Rien ne meurt dans l’ensemble de l’univers, croyez-moi,
Tout varie en revanche, et change d’aspect ; ce que l’on appelle naître,
C’est commencer d’être autre chose que ce que l’on fut,
Mourir, c’est terminer un processus. Il peut y avoir un déplacement
De telle ou telle partie ici ou là, mais l’essence de l’être reste la même.
P 413

PYTHAGORE
[…]
Cet homme sut atteindre par l’esprit des dieux, malgré l’éloignement où il vivent dans les régions du ciel ; et les secrets que la nature refusait aux regards des humains, par les yeux de l’intelligence, il les pénétra. Et quand, par le travail de son esprit et par une étude attentive, il en avait percé toute l’obscurité, il les mettait à la portée de tous ; à la foule de ses disciples silencieux, pleins d’admiration pour sa parole, il enseignait les origines du vaste univers, les causes de choses, ce qu’est la nature, ce qu’est la divinité, comment se forment les neiges, d’où provient la foudre, si le tonnerre qui fend les nues est produit par Jupiter ou par les vents, ce qui cause les tremblement de terre, à quoi obéissent les révolutions des astres, et tout ce qui nous est caché.
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Ovide
Les Métamorphoses
Traduction par Joseph Chamonard
GF Flammarion, 1966
P. 373
[…]
il laissa tomber ces mots de sa docte bouche, mais sans qu’on le crût :
[…]
« Et puisque je suis emporté en pleine mer et que j’ai livré toutes mes voiles aux vents qui les gonflent, je vous dirai que, dans l’univers entier, il n’est rien qui dure. Tout s’écoule, et les êtres ne revêtent qu’une forme fugitive. »
P. 376
[…]
« La stabilité n’est pas davantage le lot de ce que nous appelons les éléments. Je vais vous enseigner — soyez attentifs ! — les vicissitudes par lesquelles ils passent. Le monde éternel comprend quatre corps, origine de tous les autres. Deux d’entre eux, la terre et l’eau, sont lourds, et entraînés par leur pesanteur à choir plus bas ; les deux autres n’ont pas de poids, et, quand rien n’arrête leur essor, s’élèvent : ce sont l’air et le feu, plus pur que l’air. Bien que l’espace les sépare, ces éléments sont cependant à l’origine de tout, et tout retourne en eux: la terre, devenue soluble, se résout en eau liquide, l’eau vaporisée se change en vents et en air, l’air à son tour, quant il a aussi perdu de son poids, devenu subtil à l’extrême, s’élance vers l’éther enflammé. Puis, par une suite de transformations en sens inverse, les éléments retrouvent leur constitution primitive ; car le feu, prenant plus de consistance, se condense à l’état d’air, puis devient de l’eau ; et de l’eau, une fois ses parties resserrées, se reforme la terre solide. De plus, rien ne conserve toujours la même apparence, et la nature, dans une perpétuelle rénovation, retrouve dans les formes la matière d’autres formes. Et rien ne meurt, croyez-moi, dans un si vaste univers, mais tout prend des formes variées et nouvelles. Ce qu’on appelle naissance, est le commencement de quelque chose d’autre que l’état antérieur, et mort, la fin de ce même état. Telle partie peut être transportée à tel endroit, telle autre ailleurs, la somme de ces parties n’en reste pas moins constante. […]
P. 377