Vies

Paribas

Condamné à n’être. Amour, qu’une petite mort à perpétuité te soit toujours recommencée.

Ma chère Nathalie, vous évoquez le « virtuel » et vous avez raison. C’est un mot bien plus riche qu’il ne le paraît. Pour ceux qui s’y complaisent, c’est vrai, il n’est qu’un enlisement ou une fuite. Pour ceux qui vivent, il qualifie ce qui ne demande qu’à se manifester.

J’ai le souvenir de bacs de développement des photos, à l’époque de l’argentique. Sous l’action du révélateur, l’image apparaissait progressivement, en noir et blanc, et la merveille s’accomplissait. C’est toute la puissance de la matière poétique qui se révélait et donnait au papier, inerte à l’origine, le pouvoir de provoquer, dans mes yeux d’enfant et dans mon cerveau apprenti, la naissance de personnages, de paysages, d’aventures inattendues.

C’est un peu l’émotion que me donnent les images de vous sur mon écran. Plus pauvre, cet écran automatique, que les bacs de révélateur, mais que mes yeux plus riches de vies accomplies, savent mieux regarder.

Voilà donc comment se manifeste l’appel à franchir le seuil du virtuel pour entrer dans les paysages nouveaux du tête à tête. Nous marcherons bientôt de concert sur la route. Nous pourrons y être accompagnés, virtuellement, par les messages que nous nous écrirons encore car j’aime autant vous lire que vous écrire, ma chère Nathalie.


Opéra

Quand les attirances se déploient dans le luxe, le calme et la volupté, la belle, négligemment allongée sur sa méridienne, se dresse en sapienza hautaine. Elle élève le regard de son admirateur, qui s’aperçoit alors qu’il n’avait jamais rien vu. Elle, comme un rêve de pierre, se nourrit de sa propre générosité. Lui, comme un faune statuaire, se coagule dans son désir, en soupir musical.


Vous qui avez reçu votre naissance comme une blessure, trouvez les portes à franchir pour trouver les plaisirs et les joies consolantes, aussi frelatés qu’ils soient.