
Sous les pas innocents des promeneurs à la recherche des trésors des arts et des vestiges humains, s’activent des ions investigateurs.
La pyramide du Louvre, transparente et dressée vers le ciel, comme faite de sa matière même, dirige les visiteurs vers les profondeurs.
Celles de l’Histoire, celle des arts. Mais, univers dans l’univers de Paris, le musée s’ouvre aux curiosités particulières par d’autres entrées, comme la Porte les Lions.

Quand vous descendez ses marches, vous percevez des signes qui vous annoncent un autre monde. Bientôt vous devez montrer patte blanche pour entrer dans le laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France.
C’est là que, peut-être « dort enseveli le peuple des métaux » qu’en son temps chantait Baudelaire.

Des accélérateurs de particules, toute une machinerie aux complications sans fin, tente de réveiller les matières dont sont constituées les œuvres d’art et les matériaux trouvés dans les fouilles archéologiques.
Toute une troupe de savants se démène à faire révéler leurs secrets à des échantillons minuscules. Placés sous le feu d’on ne sait quels ions, quels protons, quelles particules élémentaires enfin, ces minuscules fractions de matière sacrées par la main de l’artiste ou par les excavateurs d’antiquités, nous donneront un jour la clé de la création et des secrets immenses de l’Histoire humaine.

C’est ici que vous verrez, sous des lampes et des doigts d’aujourd’hui, le signe que vous a laissé ce potier de de la région de Myrina. Période archaïque, vous dira Anne Bouquillon, que ses recherches infiniment patientes sur les céramiques ne privent pas de l’enthousiasme par quoi se communiquent les émotions.

Ces milliards de gestes de milliards d’artisans qui ont modelé notre monde, dans cette ancienne ville grecque d’Élodie, en Asie mineure, dans toutes ces villes qui ont péri et qui ne vivent que dans des mémoires enfouies, viennent à vous par cette empreinte laissée dans la céramique naissante.
Le doigt du jour rencontre celui de la nuit des temps.