Du nombre d’or à l’or du temps

« Je cherche l’or du temps »


Un livre de Matila Ghyka, « Le nombre d’Or », a peut-être été écrit pour être son testament. On y lit cette réflexion ;
« La “Stella Octangula” de Kepler, étoile solide à 8 pointes, étant formée de deux tétraèdres distincts qui se pénètrent, avec un noyau commun octaédrique, n’est qu’une “pseudo-étoile”, comme son correspondant dans le plan, hexagramme ou “sceau de Salomon”, composé lui de deux triangles équilatéraux distincts placés tête-bêche l’un sur l’autre. »
(P. 45, dans une parenthèse, elle-même intégrée dans un note en bas de la page.)
André Breton a-t-il pensé à Ghyka quand il a choisi sa stella octangula et son épitaphe ?
C’est l’or aussi qui semble rapprocher ces deux esprits si différents. C’est peut-être l’or qui les sépare radicalement. Pour Breton l’or est la valeur vraie du temps. Pour Ghyka, l’or est un nombre, le plus parfait et le plus immuable de tous.
Pour qui sait chercher, l’or est ce que cèle le temps. Lorsqu’on est pris dans la répétition routinière des gestes de la vie, le temps passe sans qu’on s’en rende compte. Quand, au contraire, on est attentif, tendu vers son idéal ou vers son destin, on peut dire avec Rimbaud : « Elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité ».
Pour qui cherche la beauté invariable, celle à qui Baudelaire fait dire « Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre », l’or est le trésor qui réside au cœur inconnu des choses qui, toutes, sont régies par les lois des nombres, dont la matière sensible n’est qu’une ombre, comme est une ombre ce temps qui semble passer et qui n’existe pas.