
Au Panthéon, le pendule de Foucault te montre la Terre — ta propre Terre immobile – en train de tourner sur elle-même.
Mais il te faudra du temps et de la patience. Au début, tu ne verras que la boule dorée osciller de long en large et lentement, très lentement. Et, insensiblement, elle semble changer de direction et aller d’un des chiffres inscrits sur la table vers le chiffre voisin. Semble, car tu apprends bientôt que c’est le chiffre qui va vers la boule. C’est la table qui a tourné.
Mais ce n’est pas Foucault qui fait tourner les tables : c’est la Terre. Et ce n’est pas le ciel étoilé qui tourne au-dessus et autour de toi quand tu t’allonge dans l’herbe et dans la nuit.
Si tu en as assez de méditer sur la place et les mouvements de la planète dans l’univers, tu peux te rappeler la nouvelle d’Edgar Poe où il est question d’un puits et d’un pendule. Où il est question de la vie qui s’écoule, angoissante, à mesure que descend une lame (et non une belle boule dorée) qui coupe l’espace en attendant de trancher le cœur du héros.


