Ô mathématiques sévères

Math

Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon cœur comme une onde rafraîchissante. […] Vous fîtes quelques pas vers moi, avec votre longue robe, flottante comme une vapeur, et vous m’attirâtes vers vos fières mamelles, comme un fils béni. Alors, j’accourus avec empressement, mes mains crispées sur votre blanche gorge. Je me suis nourri, avec reconnaissance, de votre manne féconde, et j’ai senti que l’humanité grandissait en moi et devenait meilleure. Depuis ce temps, ô déesses rivales, je ne vous ai pas abandonnées. 

Les Chants de Maldoror 

par le Comte de Lautréamont 

Chant deuxième 

Strophe 10. 

p 89 de l’édition Poésie / Gallimard