Je réclame la liberté de la presse avec la conscience d’un sujet fidèle

Presse

Je réclame la liberté de la presse avec la conscience d’un sujet fidèle, fermement convaincu qu’il combat pour la sûreté du trône. Ne nous y trompons pas : la liberté de la presse est aujourd’hui toute la constitution. Nous ne sommes pas assez nourris au gouvernement représentatif, ce gouvernement n’a pas encore jeté parmi nous des racines assez profondes pour qu’il existe de lui-même : c’est la liberté de la presse qui le fait. Ce n’est pas la Charte qui nous donne cette liberté, c’est cette liberté qui nous donne la Charte. Elle seule, cette liberté, est le contrepoids d’un impôt énorme, d’un recrutement que l’on peut accroître à volonté, d’une administration despotique laissée par la puissance impériale ; elle seule fait prendre patience contre des abus de l’ancien régime, qui renaissent avec les hommes d’autrefois ; elle seule fait oublier les scandaleuses fortunes gagnées dans la domesticité, et qui surpassent celles que les maréchaux ont trouvées sur les champs de bataille. Elle console des disgrâces ; elle retient par la crainte les oppresseurs ; elle est le contrôle des mœurs, la surveillante des injustices. Rien n’est perdu tant qu’elle existe ; elle conserve tout pour l’avenir ; elle est le grand, l’inestimable de la restauration. 

François René de Chateaubriand 

Du rétablissement de la censure (1827) 

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