Les Grandes Ondes du passage Choiseul

Radio

En entrant dans le passage Choiseul, comment ne pas être gagné par une sorte de nostalgie ? Des splendeurs passées retiennent l’œil du passant, le conduisent vers ses souvenirs. 

Au 11, une « boutique de jolies trouvailles » rassemble, autour de sa belle et jeune antiquaire, des objets recherchés, des bijoux chargés des pensées des femmes qui les ont portés, des vases où bien des roses ont assisté à des baisers passionnés. 

Là se trouvait un jour, enveloppée dans le parfum où la boutique se préparait à vous accueillir, une radio surannée. Comment disait-on alors ? Un récepteur radiophonique ? De T.S.F. ? L’astucieuse avait installé un système qui faisait sortir de l’appareil le son moderne d’une musique. 

On en saura peut-être un jour plus sur cette relique admirable. Aujourd’hui, seule une marque ouvre une piste pour une recherche aventureuse :
THOMAS FRES
PHONOS DISQUES
PHOTOS T.S.F.
TÉL 3 26 DINAN

Longueurs
Radio

Trouvailles que vaille, le passage Choiseul nous conduit aussi vers de saintes perspectives car le magasin du 11 porte un nom aux allures ésotériques, « L’effet bulles » peut-être une allusion aérienne à ces ecclésiastiques du Moyen Âge, les Phébules, dont fut l’évêque d’Agen qui mourut en 392. 

En cherchant sur l’écran du poste, parmi les stations émettrices de grandes ou de petites ondes, impossible pourtant de trouver Agen. 

Radio-Cité, Londres, Francfort, Lille P.T.T., Nice Juan, Montpellier, Île de France, Radio-Lyon, Tour Eiffel, Émetteurs belges, et tant d’autres encore mais pas Agen. 

Tous ces noms exotiques de villes proches ou lointaines évitent soigneusement Agen, comme si les Phébules cachaient leur influence, la rendaient invisible. Invisible comme ces ondes où nagent vers nous des musiques et des paroles anciennes.

Chacun de ces émetteurs s’est longtemps activé pour envoyer ses milliards de sons en modulation d’amplitude sur des ondes porteuses caractérisées par cette longueur d’onde. Des milliards de mots, de notes de musique, de messages oubliés. 

Voici leur trace, passage Choiseul, accessible à qui saura ouvrir son esprit à l’air du temps, aux atmosphères anciennes, aux élans à venir.

En 2013, Ouest-France publiait, dans une page consacrée à Dinan, un article où se trouvait la trace des Frères Thomas. C’était, rue du Marchix, « un bazar où l’on trouve de tout, de l’accordéon au poste de télévision ». 

Qui sait ce que réserverait au promeneur curieux une exploration des chemins parcourus par cet appareil pour arriver enfin là où vous le voyez, là où il peut révéler d’autres secret, si vous le demandez à celle qui l’a choisi et qui a eu le talent de le montrer ?

janvier 1948 – janvier 2019 – juillet 2022