Place Dauphine, dans un triangle sensuel

Si la place Blanche a mauvaise mine, paraît-il, la place Dauphine offre des petits matins radieux.

Place Dauphine, décembre 2010

L’hôtel Henry IV ouvre sur l’aube une porte accueillante. Alors il revient au passant que plusieurs auteurs ont éprouvé que cette place était « le sexe de Paris ». Pour ressentir à votre tour cette impression, dirigez son regard vers la statue équestre du bon roi Henry. Vous devinerez à ses pieds, au bord du fleuve, le jardin du Vert Galant et vous éviterez la vue de la silhouette néfaste du Palais de Justice. 

Une place éternellement vierge, neuve comme le pont qui la relie à la ville par une succession de haltes méditatives. 

Les fracas de la ville automobile s’évanouissent. Les échos des crimes de masse, des meurtres domestiques et des trahisons définitives commis dans ce Paris chargé de tous les conflits du monde, s’apaisent dans un triangle calme.

Vos propres passages par le centre sensuel animent en vous des fibres enfouies. La
compagnie des présences féminines enfuies avance vers vous, comme cette belle artiste au
romantisme naïf à qui vous expliquiez, dans un délire pas moins naïf, que tel tableau de
Chirico, reproduit au mur d’un restaurant nommé spirituellement Il Delfino, est affligé
d’un triangle insoutenable, « fasciste » !

janvier 1948 – décembre 2010 – avril 2019 – août 2022