Le jour du Concerto brandebourgeois n° 3

Jean-Sébastien Bach présente, le 24 mars 1721, son Concerto brandebourgeois n° 3 (en sol majeur, BWV 1048) au Margrave de Brandebourg-Schwedt.

Un monde sépare ces deux personnages. Comme une éternité. L’un est plongé dans un oubli protecteur. Le nom de l’autre rayonne pour toujours.

Le manuscrit de 1721 porte une dédicace, en français :

« Comme j’eus il y a une couple d’années le bonheur de me faire entendre à Votre Alteße Royalle, en vertu de ses ordres, & que je remarquai alors, qu’Elle prennoit quelque plaisir aux petits talents que le Ciel m’a donnés pour la Musique, & qu’en prennant Conge de Votre Alteße Royalle, Elle voulut bien me faire l’honneur de commander de Lui envoyer quelques pièces de ma Composition : j’ai donc, selon ses tres gracieux ordres, pris la liberté de rendre les tres-humbles devoirs à Votre Alteße Royalle, pour les presents Concerts, que l’ai accommodés à plusieurs Instruments. »

C’est dans le français tel qu’il se pratiquait à la cour de Berlin. La lettre a été publiée à l’occasion d’un concert à la Maison de la Radio et de la Musique, le 13 janvier 2023.

Le parfum d’obséquiosité est-il dû au grand âge de cette langue, qui apparaît ici dans sa jeunesse exotique ? On a du mal à imaginer le grand Bach se courbant si bas devant un quelconque margrave. Altesse, selon l’étiquette. Mais les jeux formels l’amusaient sans doute, même dans leurs aspects les plus rigoureusement facétieux.

Stylo

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Janvier 1948 – Janvier 2023