Un journal, un parti

« Progressivement, le quotidien de référence s’est transformé en un véritable parti journalistique, avec ses militants – associations, lecteurs engagés, etc. –, ses réseaux – intellectuels et politiques – et son idéologie – la dénonciation. L’enquête a dégénéré en “révélation”, comme le dit si bien Edgar Morin, et elle est devenue une arme fatale pour soumettre tous les autres pouvoirs »

Bernard Poulet, Le Pouvoir du Monde, Quand un journal veut changer la France, La découverte, Paris, 2003, page 253.

Page 113, un éclairage saisissant : 

« Si l’on en croit Daniel Carton, ancien du service politique du Monde et bon connaisseur du microcosme, Jean-Marie Colombani, Jérôme Jaffré, longtemps patron de la Sofres, et le professeur-éditorialiste multicartes Alain Duhamel se sont très tôt alliés pour assurer la promotion de quelques poulains politiques. Les trois hommes se voyaient en faiseurs de rois, incarnation de cette mystérieuse « démocratie d’opinion » qui associe médias et sondages. « Casaque Monde, couleur Sofres, cravache Duhamel, ils montèrent leur petite écurie censée détecter et entraîner les possibles futurs prix du président de la République », explique Carton*. Le socialiste Michel Delebarre, le RPR Michel Noir, puis Édouard Balladur (qui lui donne du « Jean-Marie » et dont l’un des proches conseillers était Alain Minc) devaient être leurs cracks. Vu les résultats à l’arrivée, il faut admettre que les Français n’écoutent ni les sondeurs ni les éditorialistes politiques ! » 

* Daniel Carton, Bien entendu… c’est off. Ce que les journalistes ne racontent jamais, Albin Michel, Paris, 2003

L’auteur, Bernard Poulet, comme il le signale par une note en bas de page (p. 92), sans en faire un plat, a fait « un passage militant dans les rangs de l’OCI ». À la même page, dans une autre note, il précise ce qu’il entend par « lambertiste » : « Du nom de Pierre Lambert, alias Pierre Boussel, dirigeant de l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI), aujourd’hui rebaptisée Parti des travailleurs (PT). 

Devenu rédacteur en chef à L’Expansion, il a adopté une vision du monde sans doute fort éloignée de ce qui l’a attiré dans de « passage ». Dans son angle de vue, la presse occupe le premier plan, ce qui peut se comprendre pour un journaliste mais le conduit à fausser la perspective quand, par exemple, il analyse le Watergate comme le réel exploit de deux reporters et de leur journal, sans prendre réellement en compte le rôle de leur informateur, le fameux Deep throat (pages 147 à 150).

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