Avis sur les élections

Exposition « La Révolution s’affiche » à l’Assemblée nationale.

L’époque est prochaine où les descendans des Francs Peuple-frère et Peuple libre, recouvrant leurs droits violés depuis tant de siècles, vont enfin élire pour la première fois des représentans chargés d’émettre en leur nom leur volonté. Cette époque si neuve dans les fastes de notre Europe moderne exige une réunion vigoureuse et fraternelle pour pour éviter les brigues qui ont déjà deshonnoré d’autres élections moins importantes.

Les Amis de la Vérité ont senti que c’étoit le moment d’ouvrir une discussion politique sur la question suivante :

Quelle conduite on doit tenir dans les prochaines assemblées pour assurer à jamais la souveraineté nationale, et ne point s’exposer à l’Anarchie”.

Cette question embrasse toutesles faces sous lesquelles on peut envisager le droit imprescriptible de voter. Les Amis de la Vérité engagent les hommes libres à examiner les décrets qui peuvent influer sur les élections, afin d’élever la voix tous ensemble contre ceux qui pourront porter atteinte aux droits de l’homme et du citoyen.

Toutes les personnes qui voudront prendre la parole sur cette question, vendredi prochain, ou dans une des séances suivantes, sont priées de se faire inscrire au bureau du Cercle Social, rue du Théâtre François, N°. 4, comme on l’a fait pour le droit de pétition, dont la discussion sera terminée, vendredi 14 Juin. Tous les discours dont l’Assemblée Fédérative a voté l’impression, et les procès verbaux des séances sont insérés dans le Journal de la Bouche de Fer, qu’on vendra aussi séparément, 4 sols chaque numéro, au bureau du Cercle Social, rue du Théâtre François, N°. 4.


De l’imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre François, N°. 4.

Le Cercle social et sa Bouche de fer ont retenu l’attention de Karl Marx. Dans La sainte famille, ouvrage polémique rédigé contre certains philosophes idéalistes en vogue dans l’Allemagne de son temps, il défend le caractère essentiellement novateur de la Révolution, en oppositions à ceux qui considéraient qu’elle « faisait encore totalement partie du XVIIIe siècle« .

« Le mouvement révolutionnaire, qui commença en 1789 au Cercle social, qui, au milieu de sa carrière, eut pour représentants principaux Leclerc et Roux et finit par succomber provisoirement avec la conspiration de Babeuf, avait fait germer l’idée communiste que l’ami de Babeuf, Buonarroti, réintroduisit en France après la révolution de 1830. Cette idée, développée avec conséquence, c’est l’idée du nouvel état du monde.«  

La sainte famille, K. Marx – F. Engels
« La Critique critique absolue » ou « la Critique critique » personnifiée par Mr. Bruno
Troisième campagne de la critique absolue
par Karl MARX.
d: Bataille critique contre la Révolution française.

Jaurès, lui aussi relève l’existence et l’action du Cercle social, selon un point de vue critique proche de celui de Marx :

« Et chose décisive ! même l’abbé Fauchet, même le terrible et tonnant abbé qui fondera en 1790 le Cercle social et le journal la Bouche de fer et qui sera accusé par Camille Desmoulins de prêcher la loi agraire, même ce populaire tribun évangélique qui attirait au pied de sa chaire les foules ouvrières de Paris ne concevait lui aussi ces ateliers que comme une administration charitable. »

Jean Jaurès
Histoire socialiste de la Révolution Française
Tome I, première partie, La Constituante 
chapitre I – Causes de la Révolution
Le prolétariat parisien
page 214
Édition Messidor (Éditions sociales)

Ni l’un ni l’autre ne s’attardent sur la notion de « descendants des Francs Peuple-frère et Peuple libre, recouvrant leurs droits violés depuis tant de siècles ».